L’attente

cr: Nester Formentera
L’attente est longue, parfois.
Je voudrais tant me dissoudre
en toi, m’effacer, creuser
jusqu’au fond de ton ventre
pour paraître, devenir,
redevenir, et renaître.
Dans l’eau qui coule sous ta langue,
le sang qui coule sous ta peau,
l’odeur qui flotte dans ton cou.
Exister seulement dans tes yeux,
sous le poids de tes doigts,
dans le son de ta voix.
Mes souvenirs sont enrobés de toi,
comme des fraises en chocolat
dont la dernière bouchée
est toujours un peu amère.
Hier, tes mots gonflés d’amour
me suffisaient, me rassasiaient,
me saturaient de toi.
Mais me voici, malgré moi,
remplie d’envie, ayant besoin
du contact de ta joue, si douce
qu’elle devient liquide
appuyée contre la mienne.
Comme si un moment pouvait
durer vingts jours et vingt nuits,
je me dis qu’un seul instant
pourrait être conservé, emballé
jusqu’à la prochaine fois.
Un jour je ne dépendrai plus
de ces images fragmentées.
Un jour je t’aurai en entier.