Le rétablissement en santé mentale: pas qu’une question de pilules
Au cours des dernières années, il y a un intérêt croissant pour la prise de parole publique quant à la question de la santé mentale et de la maladie mentale. Des initiatives telles que Bell Cause pour la cause, la Semaine de sensibilisation aux maladies mentales ou encore la campagne des Visages de la maladie mentale lancée par Alliance canadienne pour la maladie mentale et la santé mentale en sont des exemples. Ces initiatives, à la fois saluées et critiquées, donnent lieu à des prises de position dans les médias et sur les réseaux sociaux, abordant des enjeux tels que l’accès à la psychothérapie, les listes d’attente dans le réseau public ou encore la prise de médication.
En tant que travailleuse sociale et personne en rétablissement d’un trouble de santé mentale depuis près de sept ans, je ne peux que me réjouir de constater que petit à petit, la maladie mentale et la santé mentale deviennent des sujets moins tabous. Néanmoins, je suis de ceux et celles qui avancent qu’il faut élargir notre compréhension de ce que signifie le rétablissement en santé mentale ainsi que des moyens mis à notre disposition pour l’atteindre.
À l’heure actuelle, la prise en charge des individus vivant avec des problèmes de santé mentale repose sur un modèle hospitalo-centriste et biomédical (RRASMQ, 2017). Pourtant, bon nombre de chercheurs et d’organisations ont insisté sur l’impact des déterminants sociaux de la santé tant dans le traitement que la prévention des troubles de santé mentale (OTSTCFQ, 2013). Des éléments tels que "le chômage et la sécurité d'emploi, l'emploi et les conditions de travail, le filet de sécurité sociale, l'insécurité alimentaire, la petite enfance, le revenu et la répartition du revenu, le sexe, l'exclusion sociale, le handicap, les conditions de logement, la race, l’accès aux services de santé ou encore le statut d'autochtone" ainsi que le « réseau familial et social et le soutien communautaire » sont autant importants à prendre en compte pour analyser et intervenir auprès d’individus vivant de la détresse ou ayant un diagnostic en santé mentale (OTSTCFQ, 2013).
Ainsi, le rétablissement en santé mentale est influencé par des forces qui dépassent le simple individu et la notion d’une défaillance strictement personnelle. Les troubles de santé mentale seraient, en partie, le symptôme de dynamiques sociales, politiques et économiques que l’on ne peut occulter entièrement de la conversation.
En somme, sans écarter les explications et l’aide médicales et le sens que les individus peuvent à leur diagnostic(s) de maladie(s) mentale(s), il est impératif de miser sur des approches et des interventions holistiques, percevant les individus et les difficultés qu’ils vivent dans toute leur complexité et singularité. Le rétablissement en santé mentale, qui est un processus continu et non une finalité en soi, est atteignable à condition de travailler sur la jonction qui existe entre la personne et son environnement.